se mocque de ceux qui font profession d’exposer les songes parce qu’il est impossible d’établir des loix qui puissent être également communes à toutes personnes.
(48) Il y avoit dans une certaine ville un Roi et une Reine. Ici commence la fable de Psiché. Fulgence, Evêque de Carthage, a prétendu qu’elle enveloppoit un sens moral fort beau, auquel il n’y a guère d’apparence qu’Apulée ait pensé, le voici. La ville, dont il est parlé d’abord, représente le monde ; le Roi et la Reine de cette ville, sont Dieu et la matière. Ils ont trois filles, qui sont, la chair, la liberté et l’ame. Cette dernière que le mot de Psiché signifie en grec, est la plus jeune des trois, parce que l’ame n’est infusée dans le corps qu’après qu’il est formé. Elle est plus belle que les deux autres, parce que l’ame est supérieure à la liberté, et plus noble que la chair. Vénus qui est l’amour des plaisirs sensuels, lui porte envie, et lui envoie Cupidon, c’est-à-dire, la concupiscence pour la perdre ; mais parce que la concupiscence peut avoir pour objet le bien et le mal, ce Cupidon ou Concupiscence vient à aimer Psiché, qui est l’Ame, et s’unit intimement à elle. Il lui conseille de ne point voir son visage, c’est-à-dire, de ne point connoître les plaisirs sensuels, et de ne point croire ses sœurs, qui sont la chair et la liberté, qui lui en veulent inspirer l’envie. Mais Psiché animée par leurs conseils dangereux, tire la lampe du lieu où elle l’avoit cachée, c’est-à-dire, pousse au-dehors, et met à découvert la flamme du desir qu’elle portoit cachée dans son cœur, et l’ayant connue, ou ce qui est la même chose, ayant fait l’expérience des plaisirs, elle s’y attache avec ardeur. Enfin Psiché considérant avec trop d’attention Cupidon, le brûle d’une goutte d’huile enflammée tombée de sa lampe. Ce qui marque que plus on se livre aux voluptés de la concupiscence, plus elle s’augmente et s’en-