Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/401

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un bâton avec une éponge, et qui rendit ainsi l’esprit en se bouchant le conduit de la respiration.

(26) Ne furent point à couvert des disgraces de la fortune. J’ai mis cette expression à la place de celle qui est dans le latin, Nec Invidiæ noxios effugit oculos, Ne put éviter les yeux malins de l’Envie. En cet endroit l’Envie est prise pour la déesse même de l’envie, ce qui n’auroit pas été entendu en françois.

L’envie est le chagrin que l’on ressent de la prospérité d’autrui ; cette passion est différente de la haine ; celle-ci s’exerce contre les méchans, l’autre contre les gens de bien. La haine se montre à découvert, mais on dissimule l’envie. La haine procède du vice d’autrui ; l’envie au contraire des biens et de la vertu d’autrui. La haine est commune aux bêtes brutes ; l’envie est particulière à l’homme seul. C’est ainsi que Plutarque distingue ces deux passions, au traité de la haine et de l’envie.

(27) Pigrâ sessione languidæ. Foible par un repos paresseux. La fainéantise habite le corps ; et comme dit Galien, il est impossible que les personnes qui mènent une vie sédentaire, demeurent long-temps en santé. L’exercice est d’une nécessité absolue à tous les êtres existans ; l’exercice, dit Végèce, opère plus que les médecins pour la santé du corps, l’oisiveté et la nonchalance les abattent.

(28) Maladie contagieuse. On a remarqué que la peste commence le plus souvent par les animaux. Ainsi, dans Homère, Virgile et Ovide, la première contagion tomba toujours sur les bêtes. La peste a plusieurs causes, l’intempérie du ciel, les eaux corrompues, ou quelque mauvaise vapeur de la terre. Les philosophes et les médecins disent