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Peu de temps après les voleurs arrivèrent en grand’hâte et fort émus, ne rapportant à la vérité aucun paquet, pas même un misérable manteau ; mais l’épée à la main, ils amenoient une jeune fille, belle et bien faite. Il étoit aisé de juger que c’étoit quelque fille de la première qualité, et je vous jure qu’elle me plaisoit bien, tout âne que j’étois. Elle se désespéroit, elle déchiroit ses habits et s’arrachoit les cheveux d’une manière digne de pitié.

Quand ils furent tous entrés dans la caverne, ils lui représentèrent qu’elle n’avoit pas raison d’être affligée au point qu’elle l’étoit. Ne craignez rien, lui disoient-ils, votre vie et votre honneur sont en sûreté. Ayez patience pour un peu de temps, que votre enlèvement nous vaille quelque chose. C’est la nécessité qui nous force à faire le métier que nous faisons. Votre père et votre mère qui ont des biens immenses, tireront bientôt de leurs coffres, malgré leur avarice, ce qu’il faut pour racheter leur chère fille. Ces discours, et quelques autres semblables qu’ils lui tenoient confusément les uns et les autres, ne diminuèrent point sa douleur ; et tenant toujours sa tête panchée sur ses genoux, elle continuoit à pleurer de toute sa force.

Les voleurs appellèrent la vieille femme, lui ordonnèrent de s’asseoir auprès d’elle, et de l’entretenir de discours les plus obligeans et les plus gracieux qu’elle pourroit, pour tâcher de calmer