Page:Apulée - Les Métamorphoses, Bastien, 1787, I.djvu/338

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la table, parlent tous à la fois, chantent et rient confusément, disent toutes les grossièretés qui leur viennent à la bouche, et font un bruit et un vacarme aussi épouvantable que celui des Lapithes et des Centaures (11).

Un d’entre eux, qui étoit d’une taille et d’une force au-dessus des autres, commença à dire : Nous avons bravement pillé la maison de Milon à Hipate, outre qu’avec le butin considérable que nous y avons fait à la pointe de l’épée, nous sommes tous revenus ici sains et saufs ; et si cela se peut encore compter pour quelque chose, nous sommes de retour avec huit jambes de plus (12), que quand nous sommes partis. Mais vous qui venez de parcourir les villes de Béotie, votre troupe est revenue bien affoiblie par la perte que vous avez faite, entre autres du brave Lamaque, votre chef (13), dont certainement j’aurois préféré le retour à toutes ces richesses que vous avez apportées. Mais, quoi qu’il en soit, il n’a péri que pour avoir eu trop de valeur, et la mémoire (14) d’un si grand homme sera toujours recommandable parmi les plus grands capitaines et les fameux guerriers. Car, pour vous autres, honnêtes voleurs, vous n’êtes propres qu’à prendre en cachette et timidement quelques misérables hardes dans les bains publics (15), ou dans les maisons de quelques pauvres vieilles femmes.

Un de ceux qui étoient venus les derniers, lui