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jusqu’en bas, se séparoit en plusieurs ruisseaux, et formant ensuite un vaste étang, ou plutôt une petite mer, entouroit cette retraite. Au-dessus de la caverne, qui étoit sur le penchant de la montagne, on voyoit une manière de fort, soutenu par de grosses pièces de bois, environné de claies bien jointes ensemble, dont les côtés plus étendus et s’élargissans, laissoient un espace propre à retirer du bétail. Des haies d’une grande étendue en forme de murailles, couvroient l’entrée de la caverne. Vous ne douterez pas, je crois, qu’un lieu tel que je vous le dépeins, ne fût une vraie retraite de voleurs. Il n’y avoit aux environs aucune maison, qu’une méchante petite cabane grossièrement couverte de roseaux, où toutes les nuits, suivant que je l’ai appris depuis, celui des voleurs, sur qui le sort tomboit, alloit faire sentinelle.

Dès qu’ils furent arrivés, ils nous attachèrent avec de bonnes courroies à l’entrée de la caverne, où ils se glissèrent avec peine, et comme en rampant les uns après les autres. Aussi-tôt ils appellèrent une femme toute courbée de vieillesse, qui paroissoit être chargée elle seule du soin de leur ménage. C’est donc ainsi, lui dirent-ils en fureur, vieille sorcière, opprobre de la nature, rebut de l’enfer ; c’est donc ainsi que, restant les bras croisés à ne rien faire, tu te donneras du bon temps et qu’après tant de fatigues et de dangers que nous avons essuyés,