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pour se blesser de leurs propres outils. Ce sont-là de ces sortes de phrases qui ne vaudroient rien dans une traduction, et qu’il faut rendre par d’autres façons de parler, conformes au génie de notre langue, et au sens de l’auteur.

(28) Je délibérai quelque temps en moi-même fort sérieusement, &c. Le texte dit : Diù denique ac multum mecum ipse deliberavi, an nequissimam facinorosissimamque feminam illam spissis calcibus feriens, et mordicitus appetens necare deberem. Enfin je délibérai long-temps et fort sérieusement en moi-même, si je ne devois point, à force de coups de pieds et avec les dents, mettre à mort cette très-méchante et très-criminelle femme. Ce sentiment d’Apulée m’a paru bien dur. Je conviens qu’il pouvoit être fâché de se voir tout d’un coup métamorphosé en âne ; mais il devoit bien juger par l’amour que Fotis avoit pour lui, par sa douleur de le voir en cet état, et par tout ce qu’elle lui disoit, qu’elle ne l’avoit pas fait par méchanceté ; et cependant, sans la réflexion qu’il fit, qu’il alloit se priver par la mort de Fotis, des secours nécessaires pour reprendre sa première forme, il étoit prêt de la tuer, comme la plus méchante et la plus abominable femme qui eût jamais été. J’ai cru bien faire d’apporter en cet endroit quelques adoucissemens aux expressions de l’original.

(29) Bonne foi. Les Romains envoyèrent l’image de la foi dans le capitole, près du tout-puissant Jupiter. Les mystères de cette divinité étoient secrets et cachés ; on n’osoit les révéler à personne. Numa Pompilius lui dédia une chapelle et des prêtres. La foi, dit Quintilien, est le souverain bien des choses de ce monde, sacrée parmi les ennemis, sacrée parmi les pirates.