aussi les avoir. L’affaire fut remise à la décision de tous les chefs de l’armée, et les armes d’Achille furent adjugées à Ulisse ; les Grecs firent plus d’état de sa prudence, que du courage et de la force d’Ajax, qui fut transporté d’une telle fureur de cette préférence, qu’il massacroit tous les animaux qu’il rencontroit, croyant toujours tuer Ulisse. Enfin, connoissant son erreur, il devint encore plus furieux, et se tua lui-même.
(26) Vous êtes un bon fripon. Le texte dit, Vulpinaris amasio, vous faites le renard, mon mignon. La manière dont je l’ai mis est plus selon notre usage. Il est vrai qu’on dit, en parlant d’un homme rusé et artificieux, c’est un fin renard ; mais cette façon de parler ne convient que dans le style bas et comique. Le renard passe pour le plus fin et le plus malicieux de tous les animaux. Esope lui a fort bien conservé son caractère dans ses fables. Quelques personnes reprochoient un jour à Lysandre, Lacédémonien, qu’il employoit l’artifice et la fourberie, pour venir à bout de ses desseins. Il leur répondit en riant : que, quand on ne pouvoit parvenir à ce qu’on souhaitoit avec la peau du lion, il falloit se couvrir de la peau du renard.
On eût pu traduire encore par le mot renarder ; il s’emploie souvent pour signifier, pervertir la vérité par fraudes et par mensonges, le mot est pris des ruses de l’animal. Amoureux renardesque se peut entendre d’un amant frivole et imposteur.
(27) Vous voudriez donc que je fusse moi-même la cause de mon malheur : le texte dit, Meque sponte asciam cruribus meis illidere compellis : Vous voulez que je me donne moi-même de la hache dans les jambes. C’est une métaphore tirée des charpentiers qui sont assez mal-adroits