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d’une grandeur extraordinaire et se couvrent d’un poil hérissé. Dans cette extrémité, ne sachant que faire, je considérois toutes les parties de mon corps, et je vis qu’au lieu d’être changé en oiseau, j’étois changé en âne. Je voulus m’en plaindre, et le reprocher à Fotis ; mais n’ayant plus le geste d’un homme, ni l’usage de la voix ; tout ce que je pouvois faire étoit d’ouvrir les lèvres, et de la regarder de côté, avec des yeux mouillés de larmes, lui demandant ainsi du secours tacitement.

Pour elle, si-tôt qu’elle me vit en cet état : Malheureuse que je suis, s’écria-t-elle, en se meurtrissant le visage avec les mains, je suis perdue ! La crainte, la précipitation et la ressemblance des boîtes sont causes que je me suis méprise ; mais heureusement le remède à cette transformation est encore plus aisé à faire qu’à l’autre ; car, en mâchant seulement des roses, me dit-elle, vous quitterez cette figure d’âne et vous redeviendrez dans le moment, mon cher Lucius, tout comme vous étiez auparavant, et plût aux Dieux que j’eusse des couronnes de roses ! Comme j’ai soin d’en avoir d’ordinaire pour nous le soir, vous ne passeriez pas même la nuit sous cette forme ; Mais si-tôt qu’il sera jour, j’y mettrai ordre.

Fotis se lamentoit ainsi ; et moi, quoique je fusse un âne véritable, je conservois cependant l’esprit et le jugement d’un homme, et je délibérai