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s’essayer, elle bat des aîles et vole à fleur de terre ; s’élevant tout d’un coup, elle sort de la chambre à tire d’aîles. Cette femme, par la vertu de ses charmes, change de forme quand elle veut.

Pour moi, quoique je ne fusse point enchanté, j’étois dans un si grand étonnement de ce que je venois de voir, que je doutois si j’étois encore Lucius. Ainsi tout troublé, comme si j’eusse perdu l’esprit, je croyois rêver, et je me frottai long-temps les yeux pour savoir si je dormois ou si j’étois éveillé. A la fin, cependant ayant repris mes esprits, je prends la main de Fotis, et la pressant contre mes yeux : Souffre, de grace, lui dis-je, pendant que l’occasion le permet, que je profite d’une chose que je dois à la tendresse que tu as pour moi. Ma chère enfant, je te conjure par ces yeux qui sont plus à toi qu’à moi-même, donne-moi de cette même pommade dont s’est servi Pamphile, et par cette nouvelle faveur, au-dessus de toute reconnoissance, assure-toi pour jamais un homme qui t’est déjà tout dévoué. Fais donc que je puisse avoir des aîles pour voler auprès de toi comme l’Amour auprès de Vénus.

Oh, ho ! dit-elle, vous ne l’entendez pas mal, vous êtes un bon fripon (26) : Vous voudriez donc que je fusse moi-même la cause de mon malheur (27). Effectivement c’est pour les filles de Thessalie que je garde mon amant ; je voudrais bien savoir quand il