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amena jusqu’à la pointe du jour, que nous nous séparâmes.

Après avoir encore passé voluptueusement quelques nuits, comme nous avions fait celle-là, Fotis, toute emue et toute tremblante, vint me trouver à la hâte, pour me dire que sa maîtresse n’ayant pu jusqu’alors rien avancer en ses amours, quoi qu’elle eût pu faire, devoit se changer en oiseau, quand la nuit seroit venue, pour aller trouver celui qu’elle aimoit, et que je me tinsse prêt pour voir une chose si extraordinaire.

Si-tôt qu’il fut nuit, Fotis me conduisit tout doucement et sans faire de bruit à cette guérite qui étoit au haut de la maison ; elle me dit de regarder au travers de la porte par une fente, et voici ce que je vis.

Pamphile commence par se déshabiller toute nue, ensuite elle ouvre un petit coffre, et en tire plusieurs boîtes ; elle prend dans l’une une pommade, et l’ayant long-temps délayée entre ses mains, elle s’en frotte tout le corps, depuis les pieds jusqu’à la tête ; ensuite se tournant vers une lampe allumée, elle prononce tout bas plusieurs paroles, et donnant une petite secousse à tous ses membres, son corps se couvre de duvet, et ensuite de plumes ; son nez se courbe et se durcit, et ses ongles s’allongent en forme de griffes. Enfin Pamphile est changée en hibou. En cet état, elle jette un cri plaintif, et pour