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la cause du chagrin que vous avez eu. En même-temps elle tire de son sein une courroie, et me la présentant : vengez-vous, dit-elle, je vous en conjure, vengez-vous d’une femme déloyale ; punissez-la, même encore par quelque plus grand supplice, tel que vous voudrez l’imaginer. Je vous prie cependant de ne pas croire que je vous aye causé ce déplaisir volontairement ; aux Dieux ne plaise qu’il me vînt jamais dans la pensée de vous faire la moindre peine ; et si vous étiez menacé de quelque malheur, je voudrois le détourner aux dépens de tout mon sang ; mais ma mauvaise fortune a voulu que ce qu’on m’envoyoit faire pour un autre, a malheureusement retombé sur vous.

Ce discours renouvellant ma curiosité naturelle, et souhaitant passionnément d’apprendre la cause de cette affaire où je ne comprenois rien : Je couperai, lui dis-je, en mille morceaux, cette infame et maudite courroie, que tu avois destinée pour te maltraiter, plutôt que d’en toucher ta peau blanche et délicate. Mais de grace, conte-moi fidèlement par quel malheur ce que tu préparois pour un autre, a retombé sur moi ; car je jure par tes beaux yeux que j’adore, que je te crois incapable de penser seulement la moindre chose pour me faire de la peine, qui que ce pût être qui m’assurât du contraire, et quand ce seroit toi-même. Au reste, on ne doit pas imputer la faute du mauvais évènement d’une affaire à ceux