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reconnoissance que l’on doit attendre des services qu’on a rendus. Pour sauver la vie à mon hôte, j’ai tué trois hommes, et je me trouve prêt d’être condamné à mort ; cependant, non content de ne me donner aucun secours, ni même aucune consolation, il rit encore de mon malheur.

Dans ce moment, on vit venir au milieu du théâtre une femme en habit de deuil, qui fondoit en larmes, et qui portoit un enfant dans ses bras ; une autre vieille femme la suivoit pauvrement habillée, affligée et pleurant comme elle. Elles avoient l’une et l’autre, dans les mains, des branches d’olivier ; elles vinrent en cet état se jeter auprès du lit, où sous une couverture étoient les corps de ces morts ; et se donnant dans le sein des coups que tous les spectateurs pouvoient entendre, elles se mirent à gémir avec des tons lugubres et douloureux. Par la compassion que les hommes se doivent les uns aux autres, disoient-elles, par les sentimens naturels d’humanité, ayez pitié de ces jeunes hommes indignement massacrés ; et ne refusez pas la consolation de la vengeance à de pauvres veuves délaissées. Secourez au moins cet enfant malheureux (9) qui se trouve sans aucune subsistance dès les premières années de sa vie, et sacrifiez le sang de ce scélérat pour maintenir vos loix, et pour servir d’exemple.

Ensuite le juge le plus ancien se lève, et parle au peuple en ces termes : A l’égard du crime que