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sont tels. Si le lumignon laisse quelque petit amas autour de la mêche, en brûlant, c’est signe de pluie : si la flamme vole en tournoyant, c’est signe de vent : quand la lumière pétille, et qu’elle jette des étincelles contre bas, ou bien, lorsqu’il reste quelque charbon au col des marmites et chaudières en les levant, et quand le charbon allumé produit une grande et vive lueur.

(31) Grande sibylle de lampe. Milon, en riant, donne le nom de sibylle à la lampe qui les éclairoit, parce que, selon ce que disoit Pamphile, elle donnoit à connoître quel temps il devoit faire le lendemain. Les Sibylles étoient des filles Payennes qui prédisoient l’avenir, et qui même, à ce qu’on dit, ont prophétisé la venue du Fils de Dieu ou quelqu’action de sa vie. Ce nom de Sibylle est tiré de deux mots grecs qui signifient conseil de Dieu. La plus commune opinion est, qu’il y a eu des Sibylles de différens pays. La première et la plus ancienne est la Delphique, que quelques-uns appellent Artemis. Elle prophétisa long-temps avant la guerre de Troye. Il y en a qui croient qu’Homère a inséré plusieurs de ses vers dans son Illiade.

Les livres des Sibylles étoient conservés à Rome dans le Capitole, comme des choses sacrées. Ils furent brûlés avec ce superbe édifice, du temps de Sylla, 83 ans avant la venue de Jésus-Christ. Le sénat eut soin de recouvrer tout ce qui se pouvoit trouver des vers des Sibylles ; il envoya même, pour cet effet, des ambassadeurs en Grèce et en Asie qui en rapportèrent environ mille qu’on leur attribuoit. On nomma quinze personnes pour les examiner, ensuite on les mit dans le Capitole qu’on avoit rebâti. Du temps d’Auguste, on brûla jusqu’à deux mille vers attribués aux Sibylles, et l’on enferma dans deux cassettes d’or dans le temple d’Apollon, ceux qu’on crut être véritablement des Sibylles. Tant qu’il y a eu des Empereurs payens à Rome, on a toujours