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à mon aide les Furies, et de te faire souffrir de nouveaux tourmens ». Alors le corps jette ses regards sur tout le peuple, et lui adresse ces paroles en gémissant : « J’ai reçu la mort par les détestables artifices de la femme que je venois d’épouser, et périssant par le breuvage empoisonné qu’elle m’a fait prendre, j’ai quitté la place de mon lit à son adultère ».

Aussi-tôt cette brave femme s’arme d’audace, et d’un esprit capable des crimes les plus noirs, résiste en face à son mari, et nie effrontément ce qu’il avance. Le peuple s’échauffe, les opinions sont différentes ; les uns disent qu’il faut dans le moment enterrer cette méchante femme toute vive avec son mari ; les autres, qu’il ne faut pas ajouter foi à ce que peut dire un mort. Mais le jeune homme ôta tout sujet de contestation, par ce qu’il dit ensuite ; car, poussant des soupirs encore plus profonds : « Je vous donnerai, dit-il, des moyens clairs comme le jour, de connoître la pure vérité, et je vous apprendrai des choses que personne ne sait que moi. Car, pendant que ce très-soigneux gardien de mon corps, continua-t-il, en me montrant du doigt, me veilloit avec toute l’exactitude possible, de vieilles enchanteresses cherchant à avoir quelques morceaux de mon visage, après avoir envain plusieurs fois changé de forme, et ne pouvant tromper sa vigilance, elles l’entourèrent d’un