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comme il se trouvoit nud, le prêtre le couvre d’une toile. C’étoit l’usage de donner à ceux qui aspiroient à l’initiation, une robe faite de lin. Le prêtre dit ensuite à Lucius : après avoir essuyé beaucoup de travaux, de vicissitudes, de tempêtes, vous êtes enfin arrivé au port de la paix, et à l’autel de la miséricorde. La naissance, les dignités, la science vous ont été inutiles ; entraîné par vos passions, vous avez remporté le prix fatal d’une malheureuse curiosité ; mais la fortune aveugle, après vous avoir conduit dans les plus dangereux écueils, vous a engagé par l’indiscrétion de ses propres excès, à embrasser ces usages religieux. Qu’elle sévisse à présent, qu’elle exhale toutes ses fureurs, qu’elle cherche d’autre sujet pour exercer ses cruautés, l’infortune ne peut se faire sentir à ceux dont la majesté de notre Déesse s’est approprié les services.... Prenez un visage riant, convenable à la blancheur des habits dont vous êtes revêtu. Accompagnez d’un pas nouveau la pompe de la déesse Isis, source de salut. Que les impies ouvrent les yeux, qu’ils voient et reconnoissent leur erreur. Dégagé de ses anciennes peines, Lucius triomphe de sa fortune par la providence de la grande Isis.

Ce passage développe le sens de l’allégorie, en montre la morale, et prouve le but de l’ouvrage d’Apulée. Le prêtre prend occasion des bienfaits que Lucius a reçus, pour l’inviter à entrer dans les