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bientôt en bête brute. Par ce début, Apulée insinue que la brutalité accompagne le vice, comme une punition qui en est inséparable ; et se conformant aux idées populaires, il représente ce châtiment sous celle d’une métamorphose réelle. En faisant intervenir la passion du jeune homme pour la magie, comme une des causes de sa métamorphose, il se justifie personnellement, et justifie en même-temps tous les mystères de l’accusation de magie ; puisqu’il paroît que celle-ci, loin d’être innocente, est accompagnée de châtimens les plus sévères ; et que, loin d’être soutenue par les mystères, ceux-ci étoient seuls capables de remédier aux suites que cet art attiroit à ceux qui l’exerçoient. Lucius, ou l’auteur, s’étant représenté réduit par ses vices à un état de brutalité, expose en détail les misères de cette condition ; il fait le récit de ses aventures, et raconte comment il est successivement tombé sous l’empire de toutes les passions et de tous les vices. Et, comme l’objet principal de cette pièce est de faire voir que la religion pure, c’est-à-dire celle que l’auteur estimoit telle, étoit le seul remède aux vices de l’homme, de crainte qu’on n’abusât de ce principe, il a soin d’avertir que l’attachement à une religion superstitieuse et corrompue, ne sert qu’à plonger ceux qui la suivent dans des misères encore plus grandes ; ce qu’il confirme par l’histoire de ce qui lui est arrivé avec les prêtres de Cybèle, qui étoient des mandians.