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vous. Nous causâmes encore quelque-temps et nous nous séparâmes.

Environ sur le midi, Birrhene m’envoya quelques petits présens (26) ; un cochon de lait, cinq gelines, et un baril d’un excellent vin vieux de plusieurs années. J’appelle Fotis. Voici, lui dis-je, le Dieu (27) qui prête des armes à Vénus. Il vient nous trouver de lui-même. Buvons aujourd’hui tout ce vin, pour nous défaire entièrement d’une sotte honte, et pour nous donner une gaillarde vigueur au jeu d’Amour ; car la galère de Vénus n’a besoin pour bien voguer que d’huile dans la lampe, et de vin dans le verre (28).

Je passai le reste du jour aux bains ; ensuite j’allai souper avec le bon Milon qui m’en avoit prié, et qui me régala d’un repas fort frugal. J’évitois, autant qu’il m’étoit possible, les regards de sa femme, suivant les avis que m’avoit donnés Birrhène ; et, si par hasard je venois à jeter les yeux sur elle, je tremblois, comme si j’eusse vu l’enfer (29) : mais je regardois continuellement et avec beaucoup de plaisir ma chère Fotis qui nous servoit à table.

La nuit étoit arrivée, et Pamphile alors considérant la lumière de la lampe : Que de pluie nous aurons demain (30), dit-elle ! Son mari lui ayant demandé