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sans art la rendoit encore plus agréable ; car ses beaux cheveux, qu’elle avoir fort longs et fort épais, étoient en liberté sur son front et autour de son col ; ensuite cordonnés dans un ruban qui faisoit plusieurs tours, ils étoient noués sur le haut de la tête. Il me fut impossible de soutenir plus long-temps le supplice que me causoit l’excès du plaisir que j’avois à la considérer. Je m’approchai d’elle avec transport, et baisai amoureusement sur sa tête ces liens charmans. Elle se tourna, et me regardant de côté avec un air malin : Holà, dit-elle, jeune écolier, vous goûtez-là un plaisir qui a son amertume (25) aussi-bien que sa douceur ; mais prenez garde que cette douceur ne soit que passagère, et que l’amertume ne reste pour toujours. Que veut dire cela, lui dis-je, ma chere Fotis ? puisque, si tu veux me donner un baiser seulement, je suis tout prêt de me jetter dans ce feu. En même-temps, je la serre et l’embrasse plus étroitement. Comme je vis par la manière dont elle recevoit mes caresses, qu’elle répondoit à l’amour dont je brûlois pour elle : Je mourrois, lui dis je, ou plutôt je suis mort, si tu n’as pitié de moi. Prenez bon courage, me dit-elle en m’embrassant, car je vous aime autant que vous m’aimez ; je suis toute à vous, et nos plaisirs ne seront pas long-temps différés ; sitôt qu’on allumera les flambeaux, j’irai-vous trouver dans votre chambre. Allez-vous en donc, et préparez-