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et comme le commencement d’une vie nouvelle, d’une vie de vertu, de raison et de bon sens. C’est précisément par-là qu’Apulée s’est proposé de rendre les mystères recommandables. A examiner avec attention les particularités de son ouvrage, on reconnoît qu’il est écrit avec beaucoup d’art et de délicatesse, et que rien n’étoit plus propre que la fable dont il a fait choix pour répondre à son but. Le fondement de l’allégorie que présente cette fable est un conte Milésien, espèce de badinage qui étoit alors à la mode. L’usage qu’en fit Apulée fut de déguiser, sous l’appas du plaisir, des instructions sérieuses et utiles. Lucien a abrégé la même fable que le philosophe de Madaure a paraphrasée : et originairement elle n’est ni de l’un ni de l’autre ; elle est d’un certain Lucius de Patras, qui raconta lui-même sa métamorphose en âne, et ses aventures sous cette forme. C’est sur ce conte fameux et populaire qu’Apulée a construit son ouvrage ; la métamorphose qui en est la base convenant extrêmement à son sujet, puisque cette supposition est du ressort de la métempsycose, une des doctrines fondamentales des mystères.

Lucius commence son histoire par se représenter lui-même sous la forme d’un jeune homme qui a un amour immodéré pour les plaisirs, et une curiosité égale pour les arts de la magie. Les extravagances où ses passions l’entraînèrent, le métamorphosèrent