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vous brûleriez jusqu’au fond du cœur, et personne ne pourroit éteindre votre ardeur que moi qui sait remuer le pot aussi doucement que le lit agréablement.

Cependant, sans quitter la place où j’étois, j’examinois toute sa figure avec attention ; mais, pourquoi vous entretenir de toutes ses beautés, je ne dois vous parler d’abord que de celles que j’ai soin d’examiner les premières dans une belle personne, de la tête et des cheveux qui en public attirent mon attention, et en particulier font naître mes plaisirs. La nature a élevé et découvert cette principale partie ; elle y a joint les graces naturelles (16) des cheveux qui parent autant une tête, que les plus beaux habits peuvent orner le reste du corps par leurs plus vives couleurs, pour nous apprendre à juger par ce qu’elle nous dévoile, de ce qu’elle ordonne à l’art de dérober à nos yeux. Plusieurs femmes, même pour laisser un champ plus libre au jugement que l’on doit porter d’elles, écartent de leur sein leurs habits et leurs voiles. Il semble qu’elles voudroient mettre à découvert tous leurs charmes, sachant bien que la blancheur et la vivacité d’un peau délicate, est plus capable de plaire que le brillant éclat des plus riches vêtemens.

Mais ce que je ne puis dire sans peine, et ce que je souhaite, qui n’arrive jamais (17), si vous coupez les cheveux de quelque belle femme que ce puisse être, et que vous dépouillez son visage de cet