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Raisonnant ainsi en moi-même, et plein de mon opinion, j’arrivai chez Milon entièrement déterminé (15). Je n’y trouvai ni le maître ni la maîtresse, mais seulement ma chere Fotis, qui faisoit un hachis de viande pour le souper de ses maîtres, qui me parut à l’odeur devoir être excellent. Elle avoit une robe de lin fort propre, retroussée au-dessous du sein, avec une ceinture rouge. Elle remuoit la casserolle où étoit son hachis avec ses belles mains, et sa robe ondoyoit autour d’elle, par le mouvement agréable que se donnoit son corps. Ses membres agités lui faisoient tourner les reins d’une manière amoureuse et lubrique. Je demeurai surpris d’étonnement, et m’arrêtai quelque temps à l’admirer. Enfin cette vue m’ayant échauffé l’imagination : Ma chere Fotis, lui dis-je, que tu remues ce hachis de bonne grace, aussi bien que ton corps ! O le bon ragoût que tu fais là ! heureux en effet celui à qui tu permettras d’en goûter.

Cette fille, qui étoit vive et quelquefois plaisante, se retournant de mon côté, me dit en riant : Retirez-vous, pauvre misérable, retirez-vous loin de mon feu ; car, s’il en voloit sur vous une éteincelle,