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dessein de me garder des ruses de Pamphile, que je fus transporté de joie, voulant me livrer entièrement à la connoissance de cette science, quoi qu’il m’en pût coûter, et me jeter à corps perdu dans cet abîme. Ainsi, sans y réfléchir davantage, je me dégageai le plutôt que je pus des mains de Birrhene, comme d’une chaîne importune ; et prenant congé d’elle brusquement, je gagnai au plus vite le logis de Milon. Pendant que j’y courois comme un insensé (14). Courage, Lucius, disois-je en moi-même, sois vigilant et attentif. Voici l’occasion que tu as tant souhaitée ; tu pourras désormais rassasier ta curiosité des choses extraordinaires ; il n’appartient qu’aux enfans d’avoir peur : embarque-toi dans cette affaire le plutôt que tu pourras, mais garde-toi d’être amoureux de ton hôtesse, et fais conscience de souiller le lit conjugal du bon Milon. Recherche plutôt avec empressement les bonnes graces de Fotis : elle est d’une jolie figure, d’une humeur enjouée, et a beaucoup de vivacité. Hier au soir, quand tu fus te coucher, elle te conduisit civilement dans ta chambre, te mit au lit d’une manière gracieuse, te couvrit avec affection, et t’ayant donné un baiser, fit assez voir dans ses yeux qu’elle ne te quittoit qu’à regret : même en s’en allant elle s’arrêta plusieurs fois, et se retourna pour te regarder. Veuillent les Dieux que je réussisse ! mais, m’en dût-il mal arriver, il faut que je tente fortune auprès de cette Fotis.