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lui dis-je, que je quitte mon hôte Milon, sans qu’il m’en ait donné sujet ; mais certainement je ne manquerai à rien à votre égard de tout ce qui se pourra faire, sans manquer aux devoirs de l’hospitalité. Toutes les fois que j’aurai occasion de venir en ce pays-ci, je ne prendrai jamais un logement ailleurs que chez vous.

Pendant ces contestations d’honnêteté, et quelques autres semblables, et après avoir marché peu de temps, nous arrivâmes à la maison de Birrhene. Le vestibule en étoit magnifique (9) ; il étoit orné de colonnes aux quatre coins, sur lesquelles on voyoit des statues de la déesse Victoire (10). Elles avoient les aîles déployées, un pied appuyé sur une boule, d’où elles paroissoient vouloir s’élever ; et quoiqu’elles y fussent attachées, il sembloit qu’elles ne tenoient à rien, et qu’elles alloient voler. Dans le milieu de la place étoit une statue d’une beauté parfaite, qui représentoit Diane. Ses habits paroissoient agités par le vent : elle sembloit courir avec vivacité, et venir à la rencontre de ceux qui entroient avec un air qui imprimoit du respect. Elle avoit à ses côtés des chiens qui étoient aussi de pierre. Ils avoient les yeux menaçans, les oreilles droites, les naseaux ouverts, la gueule béante et prête à dévorer ; et, si l’on entendoit aboyer quelques chiens des lieux voisins, on croyoit que c’étoit ceux-ci ; mais une chose en quoi l’excellent sculpteur avoit donné une grande