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fixément, voilà, dit-elle, le même air de bonté de Salvia, sa très-vertueuse mère (3) ; leurs figures sont si conformes, qu’ils semblent être faits tous deux sur le même modèle ; sa taille (4) est d’une belle grandeur, et d’un embonpoint raisonnable ; son teint est bien coloré, ses cheveux sont blonds (5) et frisés naturellement ; ses yeux sont bleus, cependant ils sont vifs et brillans comme ceux d’un aigle (6), et leurs regards sont pleins de charmes : enfin, de quelque côté qu’on l’examine, il n’a aucun défaut, et sa démarche (7) est noble et n’a rien d’affecté. Lucius, ajouta-t-elle, je vous ai élevé de mes propres mains, mais vous n’en devez pas être surpris ; nous sommes non-seulement parentes, votre mère et moi, mais nous avons été élevées ensemble. Car nous descendons l’une et l’autre de la famille de Plutarque, nous avons eu toutes deux la même nourrice, et par les liens du sang, nous n’avons fait toutes deux qu’un même corps. Il n’y a d’autre différence entre elle et moi, que l’état présent de nos conditions, parce qu’elle fut mariée à un homme de grande qualité, et moi à un particulier. Je suis cette Birrhene que vous avez peut-être oui souvent nommer parmi ceux qui vous ont élevé ; venez donc hardiment prendre un logement chez moi, ou plutôt chez vous-même.

Sur cela, le rouge qui m’étoit monté au visage s’étant dissipé, aux Dieux ne plaise, ma mère (8),