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puissans avec Mercure. Ainsi, ce n’est pas sans raison que Pline dit, que les Egyptiens se vantoient d’avoir les premiers inventé la médecine. On ne peut douter qu’il n’y ait eu plusieurs Esculapes, et que le plus ancien n’ait été celui des Égyptiens. Cicéron en donne trois à la Grèce, ce qui fait connoître que le nom d’Esculape ayant une fois été porté de l’Égypte dans la Grèce, on le donna à plusieurs de ceux qui inventèrent quelque nouvelle manière de panser les plaies, et de guérir les maladies.

Le temple d’Esculape à Épidaure étoit le plus fameux de la Grèce. On y voyoit sa statue faite d’or et d’ivoire, assise sur un trône de même matière, tenant d’une main un bâton plein de nœuds, appuyant l’autre sur la tête d’un serpent, avec un chien à ses pieds. Sur les murailles du temple pendoient quantité de tablettes, sur lesquelles étoient écrites les diverses maladies pour lesquelles on avoit eu recours à ce Dieu, et les divers remèdes dont on s’étoit servi pour les guérir. C’est sur ces inscriptions qu’Hippocrate composa, à ce qu’on dit, ses traités de médecine.

On a consacré le serpent, qui est l’emblême de la prudence, au Dieu de la médecine, pour marquer que cette vertu étoit éminemment nécessaire à un médecin, et pour signifier aussi, que par son secours, le malade doit quitter ses maux et ses infirmités, comme le serpent quitte sa vieille peau. Par le bâton d’Esculape, on fait entendre que ceux qui relèvent de maladie, ont besoin de se ménager beaucoup, pour ne point retomber ; ou bien, parce que la médecine est comme le bâton et le soutien de la vie, et les nœuds de ce bâton marquent la difficulté de cet art.

(19) Égine. C’est une isle ainsi nommée du nom d’Égine, mère d’Éaqua, l’un des juges infernaux ; quelques-uns disent d’Égie. C’est une ville dans la Morée, où l’on dit que Jupiter a été nourri par une chèvre, et que, pour ce sujet,