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il vint lui-même, et me prenant par la main, il tâchoit par ses honnêtetés de me tirer hors de ma chambre ; et, comme je m’en défendois le plus civilement que je pouvois, je ne vous quitterai pas, me dit-il, que vous ne veniez avec moi ; et accompagnant cela d’un serment, je fus contraint, malgré que j’en eusse, de céder à son opiniâtreté, et de le suivre jusqu’à son petit grabat, où, étant assis : Comment se porte, me dit-il, notre ami Déméas, sa femme, ses enfans ? Comment va son ménage ? Je lui rendis compte de tout ; ensuite il s’informa plus particulièrement du sujet de mon voyage ; quand je l’eus satisfait pleinement, il commença à me demander en détail des nouvelles de mon pays, des principaux de la ville ; et enfin de celui qui en étoit le gouverneur ; mais s’appercevant que, fatigué du voyage et de cette longue conversation, je m’endormois, que la moitié des paroles me demeuroit à la bouche, et que, n’en pouvant plus, je bégayois à chaque mot, il me permit enfin de m’aller coucher. Ainsi, accablé de sommeil, et non de bonne chère, je me sauvai du repas imaginaire de cet avare vieillard, qui ne m’avoit régalé que d’un entretien fort ennuyeux, et retournant dans ma chambre, j’y pris le repos que je desirois depuis long-temps.

Fin du premier Livre.