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acheter quelque chose pour mon souper. J’y trouvai quantité de beau poisson, et en ayant marchandé, on me fit cent deniers ce qu’on me donna ensuite pour vingt. Comme je sortois du marché, Pithias, mon ancien camarade du temps que nous faisions nos études à Athênes, ayant été quelque temps à me reconnoître, vint m’embrasser avec toute la tendresse et la cordialité possible : Mon cher Lucius (60), me dit-il, il y a bien long-temps que je ne vous ai vu, nous ne nous sommes point rencontrés depuis que nous avons quitté nos études, quel est le sujet de votre voyage ? Je vous l’apprendrai demain, lui dis-je ; mais qu’est ceci ? Je vous félicite, car je vous vois vêtu en magistrat, et des huissiers avec des faisceaux marchent devant vous (61) ? Je suis Ædile (62), me dit-il, et j’ai cette année inspection sur les vivres : si vous avez quelque chose à acheter, je peux vous y rendre service. Je le remerciai, ayant suffisamment de poisson pour mon souper.

Mais Pithias appercevant mon panier, et l’ayant secoué pour mieux voir ce qui étoit dedans ; Combien, dit-il, avez-vous acheté ce fretin ? A peine, lui dis-je, ai-je pu l’obtenir du marchand pour vingt deniers. Alors me prenant par la main, et me ramenant sur le champ au marché : Qui vous a vendu, me dit-il, cette mauvaise drogue ? Je lui