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assureroit pas dans sa lettre. Je vous supplie donc de ne point mépriser ce méchant petit logis ; vous coucherez dans cette chambre prochaine, où vous ne serez pas mal. N’ayez point de répugnance de loger chez nous ; car l’honneur que vous ferez à ma maison la rendra plus considérable, et ce ne sera pas une petite gloire pour vous, si vous imitez les vertus du grand Thésée, dont votre père portoit le nom, qui ne dédaigna point de loger dans la petite maison de la bonne femme Hecale (58). Ensuite, ayant appelé sa servante : Fotis, dit-il, prens les hardes de notre hôte ; serre-les avec soin dans cette chambre ; porte-lui promptement de l’essence pour se frotter, du linge pour s’essuyer, avec tout ce qui lui sera nécessaire, et conduis-le aux bains prochains ; il doit être fatigué du long et fâcheux chemin qu’il a fait.

Réfléchissant alors sur l’avarice de Milon ; et voulant me concilier encore mieux ses bonnes graces : Je n’ai pas besoin, lui dis-je, de toutes ces choses, que j’ai soin de porter toujours avec moi dans mes voyages, et l’on m’enseignera aisément les bains ; ce qui m’importe le plus, c’est que mon cheval, qui m’a porté gaiement, ait ce qu’il lui faut : tenez, dis-je à Fotis, voilà de l’argent, achetez-lui du foin et de l’orge (59).

Cela fait, et mes hardes serrées dans ma chambre, en allant aux bains, je passe au marché afin d’y