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que Milon est le premier de cette ville, puisqu’il demeure à l’entrée, hors l’enceinte des murailles. Ma bonne mère, lui dis-je, sans plaisanterie, dites-moi, je vous prie, quel homme c’est, et où est sa maison ? Voyez-vous, me dit-elle, ces dernières fenêtres, qui d’un côté ont vue sur la campagne, et de l’autre sur cette prochaine ruelle ; c’est la demeure de ce Milon, qui est puissamment riche, et qui a beaucoup d’argent comptant ; mais c’est un homme déshonoré et qui est d’une avarice sordide (56) ; il prête beaucoup à usure sur de bons gages d’or et d’argent : Toujours veillant sur son trésor, il se tient renfermé dans sa petite cahute avec sa femme, qui passe sa vie aussi sordidement que lui. Ils n’ont qu’une jeune servante ; et il est toujours habillé comme un gueux.

Sur cela je me mis à rire : Mon ami Déméas a bien de la bonté et de la prévoyance, dis-je, de m’avoir adressé dans mon voyage à un homme, chez qui je puis loger, sans craindre la fumée ni l’odeur de la cuisine. Ensuite j’avançai quelques pas, et m’approchai de sa porte, que je trouvai bien baricadée ; j’y frappai de toute ma force, en appelant quelqu’un. Après un peu de temps, parut une jeune fille. Holà, dit-elle, vous qui avez frappé si rudement à notre porte, sur quoi voulez-vous emprunter ? Etes-vous le seul qui ne sachiez pas que nous ne prêtons que sur des gages d’or et d’argent ?