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rien n’est plus absurde que ce mensonge. Puis se retournant de mon côté, et vous, continua-t-il, qui, par votre figure et vos manières, me paroissez un homme instruit, vous donnez dans une fable de cette nature ? Pour moi, dis-je, je crois qu’il n’y a rien d’impossible, et que tout arrive aux hommes de la manière que les destins (53) l’ont ordonné. Car il nous arrive quelquefois à vous et à moi, ainsi qu’à tous les hommes, plusieurs choses extraordinaires et presque incroyables, qu’un ignorant à qui on les conteroit, ne croiroit jamais. Quant à moi, je ne doute nullement de la vérité de tout ce qu’il vient de nous dire, et je le remercie de tout mon cœur du plaisir que son agréable récit nous a fait ; car ce rude et long chemin ne m’a ni fatigué, ni ennuyé ; il semble même que mon cheval ait eu part à mon plaisir, puisque, sans le fatiguer, je suis arrivé à la porte de cette ville, non sur son dos, mais comme porté par mes oreilles (54).

Ainsi finit notre conversation et le chemin que nous faisions ensemble ; car ces deux hommes prirent à gauche pour gagner quelques bourgades qui n’étoient pas éloignées. Pour moi, je m’arrêtai au premier cabaret que je rencontrai dans la ville, et je demandai à l’hôtesse (55) qui étoit une vieille femme : Est-ce ici Hipate ? Oui, me répondit-elle. Connaissez-vous Milon, l’un des premiers de la ville, lui dis-je ? Elle se mit à rire. Il est vrai, dit-elle,