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On ne conſomme donc de pain, que dans les hôpitaux. Cet aliment y eſt adminiſtré à ceux qui font véritablement malades, ou convaleſcens. Les Nègres qui n’ont beſoin que de repos, ou qui y ſont retenus par des plaies aux jambes (maladie extrémement commune dans les pays chauds) ne ſont nourris qu'avec les vivres du pays, & avec le riz des États-Unis. Il réſulte de cet apperçu qu’en portant la conſommation moyenne des farines dans la plaine, à un baril par 15 Nègres chaque année, nous l’évaluons au deſſus de la conſommation réelle. Nous invoquons encore ici le témoignage de ceux de nos Juges qui ont cultivé les Colonies. Il ne ſeroit pas aiſé d’en conſommer davantage. Dans les belles ſucreries qui en font le plus grand uſage, le bois manque abſolument: tout le ſervice de la manufacture & des cuiſines ſe fait avec la canne à ſucre, quand elle a été preſſée au moulin; le four à pain ne peut être échauffé que fort difficilement avec cette canne à ſucre, & on y employe du bois qu’on ſe procure avec des peines infinies. D’ailleurs l’embarras de la fabrication rendroir l'uſage de cette nourriture impoſſible pour tout l’attelier. Le riz dont la cuiſſon eſt ſimple & aiſée, eſt la nourriture la plus convenable & la plus uſitée. Les États-Unis le portent à St. Domingue en ſi grande quantité, qu'on l’acheté preſque toujours au même prix qu’en France. Il vaut dans nos ports de mer de 20 à 24 liv. qui équivalent