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Néanmoins dans ces terres privilégiées & rares où tout ſe meſure où tout ſe calcule, le Nègre y jouit encore, en toute propriété, d’un terrein ſuſſifant pour ſa nourriture, ſi on conſîdere ſur-tout que ce terrein, d’une fertilité auprès de laquelle nos meilleures terres ſont ſtériles, produit en tout tems, en peu de tems, ſans fumier , ſans labour & preſque ſans travail. On fiit une réſerve d’un grand terrein deſtiné aux malades, aux vieillards, aux enfans, aux nourrices. On diſtribue du ſirop, qui eſt un objet d’échange avec les vivres des Negres de la montagne. Dans les ſéchereſſes, beaucoup d’habitations peuvent ſe garantir de leurs effets par l’arroſage. Celles qui font privées de cette reſſource, multiplient les échanges avec les Nègres des montagnes qui ont toujours un fonds inépuiſable dé ſubſiſtance. Il en réſulte à la vérité une augmentation dans le prix des vivres; mais cette augmentation qui par-tout eſt de niveau avec l’augmentation des demandes, n’eſt jamais hors des moyens de l’habitant.

On prévient encore les diſettes par les achats de riz des États-Unis, qui eſt toujours abondant dans les villes, par les feves & pois d’Europe. Enfin preſque toutes les habitations de la plaine ont de petites habitations dans les montagnes, uniquement deſtinées au foulagement des Nègres de la plaine.