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quelque galimatias. J’ai cependant tiré profit de ces Mojaïsky ; ils ont loué le bel étage de notre grande maison, qui est vide depuis bientôt deux hivers, et, comme ils m’en donnent un très bon prix (mille roubles par mois), je te prie de convoquer tout de suite notre gérant pour qu’il fasse nettoyer l’appartement, renouveler les papiers. Je me rappelle que les meubles de la deuxième chambre sont trop vieux : qu’on les enlève et qu’on les remplace par les meubles couverts en soie bleue que tu feras revenir de la campagne. Tout doit être prêt pour le nouvel an : ils arriveront dès le commencement de janvier.

Imagine-toi que le dîner a duré presque jusqu’à dix heures. Après le rôti, l’archevêque et les prêtres se sont levés et, une coupe de champagne à la main, ils ont chanté la messe des morts. J’étais effaré : j’ai cru d’abord que tout le monde avait trop bu ; mais il paraît que c’est une vieille coutume russe qui, dans certains endroits, s’est conservée. Ma voisine m’a juré qu’en Égypte il y avait quelque chose de ce genre. Les hôtes sont encore restés longtemps après le dîner et, à dix heures seulement, on m’a conduit dans la chambre que tu as occupée au printemps.