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que moi le grec antique. Aux beaux passages, elle me tendait sa main que je serrais, et la tante Euménide fermait les yeux et hochait la tête en signe d’approbation. Hier, beaucoup d’hôtes sont venus et, costumés, nous nous sommes promenés en mer. Je représentais un pacha turc et j’étais dans un canot avec un turban sur la tête et un kallian dans les mains. Je supporte tout avec patience parce que Sapounopoulo m’a donné « sa parole d’honneur grec » que tout serait fini le 15 septembre et qu’il me laisserait partir à Pétersbourg avec 5.000 ; et s’il me trompe encore ? faut-il donc se marier !

Non, Kitie, non c’est impossible, ce ne sera pas, jamais je ne me vendrai si bêtement, jamais cette noix d’or de la Grèce ne sera attachée au vieil arbre généalogique des Mojaïsky. Mieux vaut prendre le sac du mendiant et demander l’aumône ou se faire sauter la cervelle, que de remplir ce rôle misérable qu’elle m’a fait jouer dans le perfide proverbe.

Adieu, ma chère Kitie, ou tu me verras dans deux semaines heureux et oubliant près de toi l’Hellade d’Odessa, ou tu ne me verras plus, car je ne serai plus de ce monde. En ce cas, ne garde pas un mauvais souvenir de celui qui t’a aimé si ardemment.

A. M.