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des gentilshommes, et s’ils m’étaient étrangers, tout serait très bien, et je les recevrais avec grand plaisir à Znamienskoié ; et Piotre Ivanovitch ne porterait pas dans sa poche une usine de cuir. Que Dieu me fasse seulement marier au plus vite Naditchka ; je leur donnerai tout, je garderai pour moi 30.000 de revenu pour ne pas mourir de faim, et je m’installerai à Florence ou à Rome. À propos que dites-vous des affaires de Rome ? Pauvre Pape !

Je vais lui broder des pantoufles et les lui envoyer de la part d’une inconnue de la Russie.

Au revoir, chère Comtesse, écrivez-moi plus souvent.

Votre bien dévouée,

E. Krivobokaia.


Aujourd’hui, pendant le dîner, Piotre Ivanovitch, afin de m’attrister, a appelé le Pape : imbécile et maladroit. À cela j’ai dit : Tous les hommes ne peuvent pas être aussi habiles que le conseiller d’État Boubnovsky, — et il faut vous dire que ce Boubnovsky est un usurier auquel Piotre Ivanovitch doit beaucoup d’argent. Il m’a punie de cela en allant dormir sans me dire adieu, et j’en ai profité pour vous écrire cette lettre, parce que mes mains ne sentent pas les bottes.