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neux, au visage si aigre, ne sera jamais ministre et restera subalterne toute sa vie. C’est chez lui le point sensible.

Le jour de ton départ, j’ai eu un grand souci pour le billet de Kostia Névieroff que je t’avais apporté à lire le matin. J’ai cru que j’avais oublié ce billet chez toi et j’ai fouillé dans toutes tes boîtes. Le comte m’a juré que tes archives sont sous clef, mais cela ne me tranquillisait nullement : tu n’avais pas pu mettre dans tes archives une lettre adressée à moi. Je ne puis te cacher qu’à cette occasion ton mari m’a fait un brin de cour. J’étais au désespoir à la pensée que le billet de Kostia pouvait être en des mains étrangères, car ce billet compromettait tout autant son professeur d’orthographe que moi, et imagine-toi que, le lendemain matin, je l’ai trouvé sur le parquet de ma chambre à coucher.

Et que fais-tu chez ta tante ? Je te vois d’ici, cachant tes façons de reine et entrant avec les yeux baissés et l’air d’une madone, si bien que le soir même ta tante et ses écornifleuses étaient enchantées de toi. Que fait Mojaïsky ? Pourquoi ne me donnes-tu aucun détail ? Lequel est le mieux, lui ou Koudriachine ? Si l’on me faisait choisir entre eux, je choisirais Koudriachine. Mojaïsky est un poseur qui