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je vous dirai qu’il y a encore dans tout cela un côté ridicule qui n’est pas du tout pour me plaire.

Il me fallait battre en retraite ; mais, à ce moment, perdre Maria Pétrovna me semblait un tel malheur que j’insistai encore.

— Maria Pétrovna, écoutez-moi. Nous nous connaissons depuis si longtemps qu’avec des concessions réciproques il nous sera très facile d’effacer tous ces inconvénients de la vie conjugale. Déjà nous nous voyons tous les jours. Qu’y aura-t-il donc d’étonnant à ce que nous nous mariions ? Ce ne sera pas un mariage de passion : à notre âge, il est ridicule d’être follement amoureux ; ce ne sera pas un mariage d’intérêt, puisque chacun de nous a sa fortune assurée et une situation assez brillante dans le monde ; ce sera, si l’on peut dire, un mariage de commodité et de vieille amitié. Enfin, nous arrivons à l’âge où nous attendent la maladie et une foule de misères. Au lieu d’envoyer prendre chaque jour des nouvelles l’un de la santé de l’autre, ne ferons-nous pas mieux de nous soigner l’un l’autre et de nous aider mutuellement à vivre de notre mieux nos derniers jours. Jusqu’ici, nous avons marché côte à côte ; donnons-nous la main à présent.