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vous aimez beaucoup votre nièce, et cependant avec ces troïkas tous les jours, ces soirées, ces baraques, vous ne la voyez presque jamais.

— Il est vrai que je la vois peu ; mais que voulez-vous, Paul… il faut que jeunesse se passe.

— Oui, jeunesse, jeunesse, tant qu’on voudra ; mais il y a limite à tout, et il me semble que la manière de vivre de Lydia Lvovna ne laisse guère à l’esprit et au cœur le temps de se développer, et peut-être n’est-il pas très convenable…

— Pour le coup, Paul, si quelqu’un devait s’étonner, c’est bien moi. J’ai toujours dit ce que vous dites à présent, et vous m’avez toujours contredit. Je désapprouvais les troïkas et vous les prôniez. La société qui se réunit chez les Zebkine me déplaît tout à fait ; je voulais que Lydia n’y parût que le moins possible, vous m’avez prouvé que j’avais tort, Sonia Zebkina ayant été élevée avec Lydia. Et pour ces baraques enfin, vous vous rappelez que nous nous sommes querellés parce que je ne voulais pas que Lydia s’y rendît. J’ai eu confiance dans votre tact et votre usage du monde, et vous me reprochez maintenant de vous avoir écouté ! Vraiment, Paul, vous êtes injuste.