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parut l’estimé administrateur André Ivanovitch. J’eus aussitôt le pressentiment qu’il allait me dire quelque chose de désagréable. Je ne me trompais pas.

— Qu’avez-vous, mon cher Pavel Matvéiévitch ? me demanda-t-il avec quelque pitié et en me serrant la main. Quelle mine ! Comme vous avez vieilli !

— Eh, oui, André Ivanovitch, c’est la vieillesse.

— C’est ce qui s’appelle une belle vieillesse ! exclamait Troutniev. L’autre jour, Pavel Matvéiévitch a si bien dansé qu’il a fatigué tous les jeunes… D’ailleurs Pavel Matvéiévitch n’est pas si vieux…

— Je vous demande pardon, répondit André Ivanovitch. Je connais beaucoup de cas analogues : on se croit toujours jeune, et un beau matin on s’éveille et on est un vieillard. C’est comme au piquet, on compte 28, 29 et, le coup d’après, 60.

Très content de son mot, André Ivanovitch courut le colporter à travers le club.

À ce moment, neuf heures sonnaient à la grande horloge. Je me levai et descendis en hâte, comme si je craignais de manquer un train. — « Serguevskaïa et vite ! » criai-je au cocher, en montant en traîneau. Je ne sais