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monde Hélène Pavlovna, et son attitude à mon endroit a toujours été froide jusqu’à l’impolitesse.

Une fois, à une soirée chez la même princesse Kozielskaïa, je me trouvai par hasard avec elle à une table de jeu. Au commencement, tout alla bien ; mais, quand il lui fallut jouer avec moi, elle appela un vieux général et lui remit son jeu en disant qu’elle était fatiguée.

Sa fille cadette, qui est du second lit, n’est pas jolie, bien qu’elle rappelle un peu Hélène Pavlovna dans sa jeunesse ; mais l’aînée est charmante ; par son visage et ses manières, elle est tout le portrait d’Aliocha. Souvent j’ai voulu l’approcher et faire plus ample connaissance ; mais, probablement sur l’ordre de sa mère, elle affecte de regarder dans le vide.

Enfin ! j’ai raconté brièvement mon roman. Peut-on à ce sujet parler de bonheur ? Dans toute cette histoire, ma conduite ne fut ni honnête ni sage. Je pourrais me justifier en disant qu’à ma place beaucoup auraient fait comme moi ; mais est-ce une justification ?


23 décembre.

Hier, après être resté enfermé cinquante jours, j’ai enfin recouvré ma liberté. Ma pre-