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nique : « Mon cher Paul, venez me voir, j’ai à vous parler. » Je trouvai Maria Pétrovna dans les larmes et entourée de potions.

— Je vous ai prié de venir, commença-t-elle d’une voix faible, parce que je vous crois un ami véritable ; vous n’imaginez pas combien il est triste de perdre ses illusions, et je suis tout à fait désillusionnée sur le compte de Nicolas : il ne m’a pas comprise !

— Mais qu’a-t-il fait ?

— Je ne puis vous le dire ; je ne puis dire qu’une seule chose : il ne m’a pas comprise !

Ne comprenant rien moi-même, je suis allé chez Nicolas. Celui-ci reçut d’abord mes questions assez froidement.

— Mais comprenez bien, Nicolas, lui dis-je, que je ne suis pas du tout venu faire une enquête ; à vrai dire, cette affaire ne me touche pas du tout ; seulement, comme ami de Maria Pétrovna et le vôtre, je veux faire cesser le malentendu qu’il y a entre vous. Qu’est-il arrivé ?

— Mais absolument rien, répondit-il en riant. J’ai passé toute la soirée chez ma tante ; tout le temps elle a joué des Nocturnes, puis on a servi à souper ; après, je ne sais trop pourquoi, j’ai peut-être baisé sa main une fois de trop, elle s’est fâchée et s’est retirée.