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pénible souvenir et éveillé ma conscience depuis longtemps endormie. J’eus beaucoup de peine à me séparer de ces muets témoins des tempêtes passées. Après quoi, je m’assis devant la glace et commençai à comparer mon visage à ces divers portraits. À mon sens, c’est avec le portrait du page que j’ai gardé le plus de ressemblance : le visage est presque le même ; seulement j’ai aujourd’hui de grandes moustaches que je n’avais pas alors, et il faut dire aussi que les cheveux sont plus rares, mais le regard, l’expression n’ont pas changé.

Le docteur me surprit dans cette occupation.

— N’est-ce pas, Féodor Féodorovitch, lui demandai-je, que je ressemble à ce page ; qu’il n’y a pas grande différence ?…

— Eh ! eh ! il y en a une petite. D’abord, le page n’a pas de rides.

Ce maudit docteur me rendra fou. Sans doute, le mot ride m’est connu depuis longtemps : je l’ai souvent employé dans la conversation ; mais je ne me suis jamais rendu compte de son sens véritable.

— Où donc ai-je des rides ? exclamai-je avec désespoir.

Le docteur me les indiqua.