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faiblesse dans lesquelles les hommes sont destinés à vivre, à agir, on s’étonnerait plutôt qu’il y ait parmi eux des justes. L’homme ne sait rien des choses essentielles : il ignore pourquoi il naît, pourquoi il vit, pourquoi il meurt ; il oublie ses existences passées et ne pressent pas les futures ? Et veut-il sortir des ténèbres, s’efforcer de comprendre, essayer d’améliorer son existence, ses efforts sont vains, ses inventions, même géniales, ne résolvent pas une seule des questions qui le troublent. De toutes parts, il se heurte à d’infranchissables limites. Par exemple, il sait, qu’outre la terre, existent des planètes, des mondes ; par la mathématique, il sait que ces planètes se meuvent, il sait quand elles s’approchent ou s’éloignent de la terre ; mais y a-t-il là-bas des êtres semblables à lui ? Sur ce point, il en est réduit aux hypothèses ; assurément il ne saura jamais à quoi s’en tenir, et cependant il espère et il cherche. Sur l’une des plus hautes montagnes d’Amérique, on projette d’allumer un foyer électrique qui soit un signe aux habitants de Mars. Ce foyer n’est-il pas touchant de naïveté enfantine !

Oh ! je veux revenir parmi ces pitoyables, patients et chers êtres. Je veux vivre de leur