Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/193

Cette page a été validée par deux contributeurs.

prière que je ne connais point : « Dieu miséricordieux, regarde tes esclaves ici présents et pardonne-leur. Tu nous punis pour nos péchés, mais ta colère est trop lourde pour nous. Ô Dieu, arrête ta main vengeresse et pardonne-nous. L’ennemi cruel nous a vaincus, nous n’avons plus ni chef, ni maison, ni pain. Soit, et nous expions ainsi nos péchés ; mais pourquoi nos enfants innocents doivent-ils périr ? Nous avons patienté, nous avons supporté ta volonté ; mais nous sommes des hommes et nos forces défaillent. Aucun secours ne nous arrive et, pour la dernière fois, nous t’implorons. Ô Dieu ! ne nous accule pas à la révolte et au désespoir ; tu nous as donné la vie ; ne nous l’ôte pas avant le terme. »

Mais, aussitôt, parmi les fidèles, un mouvement se produit ; la foule se divise, et le prêtre, à pas rapides, s’approche de l’icône miraculeuse. Le prêtre est petit, vieux ; sa courte barbe grise est mal peignée ; son habit usé, décoloré, n’est pas fait à sa taille et traîne sur le sol : « Ô Reine du Ciel, crie-t-il d’une voix haute et chevrotante, tu connais nos souffrances humaines, tu sais ce qu’est souffrir, pleurer, tu as vu ton fils bien-aimé mourir sur une croix ; tu as vu ses bourreaux rire de