Page:Apoukhtine - La Vie ambiguë.djvu/190

Cette page a été validée par deux contributeurs.

VI

En Russie… à la campagne… Des isbas de bois couvertes de chaume bordent une large route qui va jusqu’à la montagne. C’est une grise journée d’automne, ou, peut-être, le soir. Une pluie, fine et froide, filtre d’un ciel monotone ; le vent siffle, arrache la paille des toits. Une rivière roule rapidement ses eaux clapoteuses. Je la traversai sur un pont bossu, chancelant et sans parapet, de l’extrémité duquel partaient deux chemins : l’un, à gauche, allait vers la montagne et se continuait à travers champs ; à droite, une vieille église de bois à dôme vert paraissait se pencher sur un précipice. J’allai à droite ; derrière l’église le sol se bossuait de monticules que dominaient des croix vermoulues, et, entre les tombes, le vent secouait les branches mouillées et presque nues de jeunes