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vécu cette vie infinie ; moi-même ai vécu là « où il n’y a ni maladie, ni douleur, ni soupirs », et, de fait, les soupirs terrestres me semblaient maintenant quelque chose d’étrange, d’incompréhensible. Quand le chœur chantait : « Les sanglots sur le cercueil », comme en réponse on entendait dans les coins de la salle des sanglots contenus. Ma femme se trouva mal de nouveau ; on l’emmena.

La messe finissait. D’une voix basse le diacre prononçait :

« Dans l’heureux sommeil… » ; mais, à ce moment, il se produisit quelque chose d’insolite : la salle devint toute sombre, comme si le crépuscule était descendu sur la terre ; je cessai de distinguer les personnages, je ne vis que des figures noires. La voix du diacre s’affaiblit, puis se tut ; les cierges s’éteignirent ; tout disparut pour moi, et je cessai à la fois de voir et d’entendre.