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parlé du vieux gérant. Aussitôt il le fit venir. À toutes nos questions, le vieillard répondit avec assurance que le parc n’avait jamais eu de deuxième étang.

— Du reste, ajouta-t-il, j’ai chez moi tous les vieux plans du domaine, et si Monsieur le comte permet…

— Oui, oui, apportez-les et tout de suite : il faut élucider cette affaire, sinon notre cher hôte ne mangerait pas de bon appétit.

Joseph apporta les plans, le comte y jeta les yeux, et, tout à coup, il poussa un cri de surprise : sur un vieux plan, sans date, trois étangs étaient dessinés, et toute cette partie du parc était dénommée « les Étangs ».

— Je baisse pavillon devant le vainqueur, me dit le comte avec une gaîté feinte et en pâlissant un peu.

Mais je n’avais nullement l’attitude d’un vainqueur ; cette constatation m’avait accablé.

En descendant à la salle à manger, le comte me pria de ne rien dire devant sa femme, très nerveuse, expliqua-t-il, et encline au mysticisme.

Il y avait beaucoup de monde à dîner ; mais le maître de la maison et moi nous restâmes silencieux pendant le repas, et nos