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commune qu’avaient traversée tant d’orages. Maintenant elle s’accusait de tout et voyait clairement la façon dont elle eût dû agir. Elle était si absorbée dans ses réflexions qu’elle ne remarqua pas mon frère qui, revenu avec l’homme aux cercueils, se tenait près d’elle, depuis quelques minutes, respectueux de sa rêverie. En apercevant l’homme aux cercueils, elle poussa un cri sauvage et s’évanouit. On la transporta dans la chambre à coucher.

— Soyez tranquille, Excellence, disait l’homme, en prenant les mesures avec le même sang-froid que s’il se fût agi d’un costume : nous fournissons tout, même les cierges ; dans une heure, on pourra les allumer, et pour ce qui est de la bière, soyez sûr qu’elle sera si commode que même un vivant y serait à l’aise.

De nouveau, le cabinet s’emplissait : la gouvernante amena les enfants. Sonia se jeta sur moi et sanglota tout à fait comme sa mère ; mais le petit Nicolas s’arrêta net, obstiné à ne pas s’approcher de moi et criait sa peur. Puis vint la servante favorite de ma femme, Nastasia, qui avait épousé, l’an dernier, le maître d’hôtel Séméon et se trouvait maintenant dans la dernière période de la grossesse ; elle fit un grand signe de croix et