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plutôt, qu’une nouvelle race de femmes fut créée à cette époque ; car il dit très-positivement que le genre humain existait déjà, puisque Prométhée vola le feu pour le lui communiquer, et que ce fut pour l’en punir que Jupiter forma cette femme. Æschyle ne lui attribue pas non plus la création des hommes, mais Prométhée se glorifie, dans la tragédie qui porte son nom, de s’être opposé à ce que Jupiter détruisit le genre humain (v. 244 et suiv.) ; ce qui suppose qu’il étoit créé depuis long-temps. Ce n’est donc que postérieurement à Æschyle qu’on a imaginé cette création. Quoi qu’il en soit, il en est déjà question dans Platon, et l’on ne sera pas fâché de voir ici comment Protagoras la raconte dans le dialogue qui porte son nom. (T. 3, p. 107, ed. Bip.)

« Il fut un temps où les Dieux existoient, mais où l’espèce humaine étoit dans le néant ; l’époque fixée par les destins pour sa création étant arrivée, les Dieux formèrent les animaux dans l’intérieur de la terre, d’un mélange de terre, de feu, et de tout ce qui peut s’allier avec ces deux élémens. Le moment de les produire à la lumière étant venu, les dieux chargèrent Prométhée et Epiméthée de les orner et de les douer des qualités qui convenoient à chacun. Epiméthée pria son frère de lui laisser ce soin : vous examinerez, lui dit-il, mon opération lorsqu’elle sera terminée. Prométhée ayant consenti à cela… Epiméthée, qui n’étoit pas fort habile, épuisa en faveur des brutes toutes les qualités qu’il avoit à distribuer, de façon qu’il se trouva très-embarrassé lorsqu’il en fut à l’espèce humaine. Prométhée étant arrivé sur ces entrefaites, examina la distribu-