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LES ONZE MILLE VERGES

Et devisant agréablement de diverses choses futiles ou troublantes le prince et Culculine arrivèrent rue Duphot. Ils montèrent au moyen d’un ascenseur jusqu’à un premier étage.

« Le prince Mony Vibescu.... mon amie Alexine Mangetout. » La présentation fut faite très gravement par Culculine dans un boudoir luxueux décoré d’estampes japonaises obcènes.

Les deux amies s’embrassèrent en se passant des langues. Elles étaient grandes toutes deux, mais sans excès.

Culculine était brune, des yeux gris pétillants de malice et un grain de beauté poilu ornait le bas de sa joue gauche. Son teint était mat, son sang affluait sous la peau, ses joues et son front se ridaient facilement attestant ses préoccupations d’argent et d’amour.

Alexine était blonde, de cette couleur tirant sur la cendre comme on ne la voit qu’à Paris. Sa carnation claire semblait transparente. Cette jolie fille apparaissait, dans son charmant déshabillé rose, aussi